Près de la frontière chilienne se trouve le Parque de los Alerces. Peu touristique, il n’a absolument rien à envier aux plus grands parcs du pays. Dans un écrin de verdure, il est classé au patrimoine mondial. Un mirador facilement accessible offre une vue digne d’un tableau de maître sur le Lago Verde, niché dans la cordillère rouge, pointillée d’alamos (peupliers) dorés. Ces arbres ne sont pas endémiques de la région, mais seulement plantés pour se protéger des vents puissants de la Patagonie. A la bonne saison, avant de perdre toutes leurs feuilles, ils apparaissent presque fluorescents dans les décors rouges orangés, vive l’automne !
Hebe et Adrian, croisés sur le parking du lac Futalaufquen, nous ont proposé de monter à bord de leur nouveau bateau nommé Cuchao, pour une partie de pêche. Nous sommes vraiment chanceux, car la visite de ce parc vue des lacs est sans doute la meilleure manière d’en profiter. Et la compagnie du souriant couple d’argentins en week-end dans la région était un véritable rayon de soleil. Thomas a pêché une truite, qu’il a dévorée le soir même, grillée à la parilla (barbecue), un régal ! De mon côté, j’ai capturé trois fois des touffes d’algues accrochées au fond de l’eau…
En poursuivant la Ruta 40, plus longue voie routière du pays, nous sommes passés par El Bolsón, un charmant village aux avenues aérées, fourmillant de jolis magasins, de cervecerías (brasseries artisanales) avec terrasses. Elle est considérée comme la petite sœur de San Carlos de Bariloche, bien plus touristique, aux allures de station de ski suisse. La spécialité y est le chocolat (le chocolat suisse est quand même bien meilleur), et son emblème le St Bernard.
Au départ de celle-ci, nous avons emprunté la célèbre route des sept lacs, toute proche de la frontière chilienne. Pour chaque lac, il y a un belvédère où tout le monde s’arrête. Nous y avons croisé un couple dans un van Chevrolet immatriculé au Chili, et nous étions quasiment sûrs d’avoir vu l’annonce de ce camion quelques mois auparavant, lors de nos recherches…
En bons petits curieux, nous amorçons la discussion et c’est en effet bien le même van, acheté par un couple de français ; Thibaut et Chloé. Après un déjeuner ensemble abrités sous notre storeban, nous décidons de nous rejoindre dans un camping le soir même pour partager une chouette soirée. Le lendemain, nos nouveaux acolytes ont mis la puissance de leur Astro Fusée dans leurs poches en nous suivant patiemment jusqu’à Zapala plus au Nord.
Le vent commençait alors à être toujours plus puissant, et nous avons passé la soirée dans une station-service bien en chaud dans un restaurant. Ici, il est commun pour les voyageurs de s’arrêter dans les YPF (station-service), qui sont des lieux très sûrs, et qui fournissent toutes les commodités nécessaires. Thibaut et Chloé nous ont quittés deux jours plus tard, filant vers le Nord pour retrouver des amis à Mendoza. Avec un véhicule plus puissant, on les aurait certainement suivis pour partager encore de bons moments ! On espère vraiment se recroiser plus tard, ici ou en France !
La journée suivante, nous avons fait 150km en 6h, le route était très mauvaise et le vent de face avec des rafales atteignant plus de 120km/h… Amunche n’est pas le plus aérodynamique avec son nez tout plat ! Il s’arrêtait même dans les grandes descentes, si nous n’accélérions pas !
Heureusement, les paysages sont incroyables, il est difficile de ne pas s’arrêter toutes les 10 minutes pour prendre des photos ! Ici, la steppe est immense, rien ne pousse à plus de 50 cm du sol tant les vents sont forts. On croise peu de monde dans les lignes droites infinies, mis à part quelques chevaux sauvages près des estancias, des troupeaux de chèvres et de vaches, et parfois une tarentule tentant la folle aventure de traverser la route (pardon je t’ai vraiment vue au dernier moment!). Le tout rythmé par les boules de paille sèches parcourant la route gondolée à toute allure.
Nous avons atteint Bardas Blancas, dans un camping, petite oasis dans ce désert où nous avons pu abriter deux jours Amunche. Nous avons partagé une sympathique soirée avec Yoni et Jose, les propriétaires, ainsi qu’Aldis une voyageuse motarde en solitaire (@porlatierrayelmar). Alors que nous nous apprétions à trinquer, deux voyageurs frappent à la porte. Ce sont deux français, qui partent rejoindre un couple d’amis à Mendoza. Cette histoire nous dit quelque chose… rapidement, nous nous rendons compte qu’il s’agit de Flo et Oli, les amis de Thibaut et Chloé, ce qui est incroyable au milieu nulle part ! Le monde est petit…
« El mundo es un pañuelo »