Après la tempête que nous avons essuyée à Bardas Blancas, il s’est mis à neiger, mais nous étions déjà à Malargüe, à 70 km de là, sous une vingtaine de degrés et un soleil radieux. Nous y avons décelé le garage de Nicolai et de ses deux fils Jorge et Victor. Cette affaire de famille est une équipe qui roule, effectuant un travail mécanique à six mains dont la fluidité et la complémentarité sont étonnantes à observer !
Ici, la ville paraît encerclée de montagnes, mais il s’agit uniquement de volcans (plus de 800 !). C’est une zone incroyable pour les passionnés de paléontologie. On peut y marcher dans les pas des dinosaures et observer des empreintes formées il y a 71 millions d’années, quand la mer est entrée par la Patagonie et a atteint le sud de Mendoza.
Nous avons profité du temps d’attente des pièces du van venant de Buenos Aires (une dizaine de jours, et oui tout est loin!) pour envisager autrement notre voyage… Je te vois déjà t’inquiéter quant à ce nouvel arrêt au stand ! Pas de souci, ici les réparations et les pièces de rechange sont peu coûteuses. Notre Amunche date de 1989 (comme Thomas), et en tant que vieux véhicule (comme Thomas), il demande une attention particulière (comme Thomas ?). Il s’agit de notre petite maison, nous ne considérons jamais un arrêt mécanique comme une corvée, et nous avons du temps devant nous !
Mais que faire quand on est au milieu de nulle part sans moyen de locomotion ?
Trouver des bécanes
Nous avons remplacé les quatre pneus de notre camion, par quatre roues de VTT de location. Le vélo n’est pas ma passion (Matoo), et quand il s’agit de faire 25km aller de faux plat montant dans du sable, j’avoue que j’ai un peu râlé. Heureusement, le retour en descente à toute allure à travers les volcans aux lignes colorées en valait vraiment la peine !
Visiter la région
Le volcan Malacara est le seul en Argentine dans lequel on peut entrer. Ce qui le distingue de ses voisins est son origine hydromagmatique. Ce type d’éruption violente se produit lorsque l’eau accumulée entre un contact avec le magma et donne naissance à des passages, des cheminées, et des ravines de plus de 30 m de haut ! Notre guide nous a menés au cœur de ce géant aux courbes impressionnantes.
La cascade Manqui Malal propose aussi une jolie balade, et l’accès à une grotte pour l’observer d’en haut. Il y a également deux grands labyrinthes dans Malargüe, où nous avons rencontré Franco et sa famille, des voyageurs argentins dans un gros camion, fatigués d’avoir passé 45 mn à chercher la sortie.
Se créer des petites routines
La vie sur la route est pleine de surprises, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ces deux semaines nous ont permis de retrouver quelques petits rituels vraiment agréables, comme aller s’asseoir en terrasse boire un café tous les matins, rencontrer les voisins, ressentir la vie du village et croiser chaque jour les mêmes personnes, tester toutes les brasseries artisanales de la ville…
Fabriquer un molkky
Un passage chez le menuisier, quelques découpes, un bon marqueur, et nous voilà prêts à faire découvrir aux Argentins ce jeu qu’ils ne connaissent pas du tout !
Faire imprimer des stickers
Sur la route, il est fréquent de rencontrer des voyageurs qui t’offrent leur autocollant, pour le coller sur ton véhicule, en souvenir. Nous étions un peu frustrés de ne rien avoir à échanger, on a donc fait imprimer le logo Les Ribinoù ! Qui en veut ?
Cuisiner et manger beaucoup trop
La base bien sûr, surtout quand le voisin fait un pain délicieux (très rare ici) et qu’il vient te le vendre tous les matins !
Fêter le 1er mai
Nicolai nous a invités à partager une parilla (barbecue) avec sa famille à l’occasion de ce jour férié, très célébré en Argentine.
Les pièces arrivées, changées, Amunche chouchouté, nous sommes repartis sur les routes en direction de la ville de Mendoza, dans la région de Cuyo. Elle est située au cœur de la région viticole de l’Argentine, nous ne pouvions donc pas louper une visite de bodega (cave), avec dégustation ! Le vignoble Terrazas de los Andes est niché dans un endroit superbe, dont les grands bâtiments en brique abritent des installations ultra-modernes. La visite éveille tous les sens, et se termine par une dégustation de Malbec délicieux ! Nous avons également visité la ville de Mendoza elle-même, mais nous sommes repartis dans les terres rapidement, car la traversée des grandes villes n’est pas ce que nous préférons avec notre maison roulante, que nous n’aimons pas laisser dans la rue…
Pour la nuit, nous avons eu la chance de rencontrer Walter qui propose sur son terrain « un refugio Kombinauta », un lieu où les voyageurs de l’Argentine et d’ailleurs, en Kombi Volkswagen, profitent d’une pause pour aménager leur véhicule, ou juste passer du bon temps ensemble ! C’était une excellente soirée avec une dizaine d’argentins et un français, autour de pizzas maisons et de beaucoup de vin !
À l’ouest de la ville, on peut emprunter une route magnifique qui mène à Potrerillos, et son lac découpé. Le lieu de bivouac était parfait, nous y sommes restés trois nuits, face à la voie lactée et à la lune rouge lors de l’éclipse de la nuit du 16 mai.
Puis nous avons été rendre visite à l’Aconcagua, le plus haut sommet de la Cordillère des Andes. Du haut de ses 6962m, il est surnommé le « Colosse de l’Amérique ». Une marche grimpant à 3000m permet d’atteindre un pont traversant la rivière Horcones pour l’observer. Ce pont a été construit à l’occasion du tournage de Sept ans au Tibet (Jean Jacques Annaud). La Chine ayant refusé de tourner sur ses terres, le réalisateur avait choisi le parc de l’Aconcagua pour représenter l’immensité des montagnes tibétaines !
Sur le chemin retour, nous nous sommes délassés dans les thermes de Cacheuta, après un passage au Cerro de las siete colores d’Uspallata (la montagne aux 7 couleurs, mais on avait l’impression qu’il y en avait plus).
Pour la suite, nous changeons de province, direction Córdoba, puis l’Uruguay !