Les étonnantes formations rocheuses du Nord-Ouest argentin

Et les jolis villages andins

Après une interminable ligne droite du Nord-Est au Nord-Ouest argentin, nous voilà quelques jours au camping de Salta, la capitale de la province du même nom. Il a la particularité d’accueillir la plus grande piscine d’Amérique du Sud (260m de long). Il y avait beaucoup de sympathiques voyageurs français, en camping-car, avec qui nous avons partagé de belles soirées.

Nous avons parcouru le centre et ses grands bâtiments néocoloniaux, ses nombreuses églises dédiées à San Francisco, ses marchés couverts et jolies ruelles. Nous avons passé un bon moment sur la verdoyante place centrale, où des collégiens montaient sur les épaules les uns des autres pour attraper de belles oranges.

Dans ses environs, il existe deux « boucles » assez connues à visiter. Nous avons commencé par celle dite « sud » en empruntant la route menant à Cafayate. Elle passe par la « Quebrada de las conchas », le ravin des coquillages. Il tire son nom des coquillages que l’on peut retrouver sur ses sentiers, témoins du fait qu’il y a 2 millions d’années, cet espace abritait un immense océan, avant la création de la cordillère des Andes. Nous avons remonté un fleuve quasiment sec, bordé de très peu de végétation. La seule qui a osé vivre ici s’est construite une armure de piquants et d’épines.

Le Sendero de los estratos (sentier des strates) longe un impressionnant millefeuille géologique de toutes les couleurs. Une palette passant du vert-de-gris au rouge, à l’ocre, aux tons orangers, beiges, et sous nos pieds, les empreintes dans la poussière des chats sauvages, des ânes, et des chèvres passés dans la nuit … En continuant sur cette route, chacun pourra trouver une forme différente dans les roches aux tons brique, un crapaud, une soucoupe volante, le profil d’une femme. Les différents lieux parcourus portent d’ailleurs les noms de ce qu’ils paraissent représenter : las ventanas, el obelisco

On s’attend à tout moment à voir surgir des cow-boys sur un fond de musique de western. Dans cette peinture surréaliste, nous suivons la ligne jaune tracée au milieu de la route qui nous rappelle que l’on est bien sur Terre. Thomas répète sans cesse : « On se croirait sur Tatooine »!

Nous avons passé une nuit au petit village de Cafayate, organisé autour de la place San Martin. À proximité, il y a des marchés d’artisanat local, fait de laine d’alpaga, de bois de cactus… Mais aussi des bars, des vignes et des bodegas que l’on peut visiter. Nous avons savouré les meilleurs Alfajores de notre voyage, chez Calchaquitos. Ces pâtisseries sont une spécialité Argentine, constituées de deux petits gâteaux assemblés à la manière d’un macaron qui renferment de la confiture de lait. On adore !

Nous avons pris ensuite la direction de la vallée de Calchaquíes. Elle traverse d’immenses roches sens dessus dessous. On pourrait croire qu’il y a eu un énorme retournement de terrain vers Santa Rosa. Certains blocs tiennent on ne sait comment, à la verticale. Pendant toute la journée, la poussière envahit le camion… Nous n’avons jamais vu une sécheresse pareille, lorsque les 4×4 nous doublent, des nuages de sable nous barrent la route et nous sommes contraints de nous arrêter. La poussière est si fine qu’elle pénètre partout, dans le van mais aussi dans nos yeux, nez, oreilles, bouches, entre nos dents. Tout s’assèche, et on saigne même du nez ! Nous traversons plusieurs villages constitués de trois ou quatre maisons en adobe ou en bois qui semblent abandonnées. Un petit panneau indique que des personnes vendent de l’artisanat et des céramiques, la vie y est donc possible !

Cette route est aussi fantastique qu’elle est éreintante. Après une journée entière à 25 km/h, et sous 35 °C, le village de Cachi nous apparaît comme une oasis pour boire une bonne bière et se reposer. D’ailleurs, ce petit village nous plaît tant que nous y avons passé la journée du lendemain. Son centre typiquement andin est adorable, toutes les enseignes sont sculptées dans du bois de cactus, et les trottoirs sont perchés à un mètre du sol. Nous avons visité le musée de l’archéologie. Le cimetière trône au sommet de la ville (comme souvent ici) et offre une vue imprenable sur la région. Le vin blanc local le Torrontés est excellent, bien frais.

En quittant Cachi, nous nous dirigeons vers la Recta del Tin Tin (très rigolo à dire en espagnol), une incroyable ligne droite qui traverse le parc national de Cardones. Les Cardones sont les immenses cactus tout droits, qui ont parfois des « bras ». Par les nuits sans lune, on peut vraiment les confondre avec des humains… Ce qui donne lieu à de nombreux mythes dans la région.

Nous commençons à ressentir les effets de l’altitude lors d’un passage à la Piedra Del Molino (3500m). L’occasion pour nous de tester la coca, qui se vend partout ici. Attention, confondre la coca avec la cocaïne reviendrait à confondre une grappe de raisin avec une bouteille de vin ! Ici, il est très fréquent de croiser des locaux avec une grosse boule dans la joue (la première fois on croyait vraiment voir un abcès), mais c’est une boule de feuilles de coca. Elle a de nombreux bienfaits sur la digestion, et pour gérer les symptômes que peut générer l’altitude (maux de tête, vomissements, troubles digestifs).

Si à ce moment les 3500m d’altitude nous paraissaient déjà impressionnants, nous ne savions pas que quelques semaines plus tard nous monterions à 5000m !

Au retour de cette boucle sud, nous avons fait cap vers le Nord et ses charmants villages andins, Tilcara, Purmamarca, Humahuaca, entourés de formations rocheuses tourmentées, toutes plus belles les unes que les autres. Nous avons mené Amunche au paradis des lamas et vigognes, à 4340m d’altitude par un matin frais pour admirer Serrenía de Hornocal, cette impressionnante montagne pourpre qui zigzague. Dans la province de Jujuy, les villages accueillent sur leurs places des marchés d’artisanat colorés, et on peut déguster de délicieuses tortillas, cuites au barbecue sur place (des petits pains pliés et garnis de plein de bonnes choses). Une autre spécialité est le ragoût de Lama, mais nous avons passé notre tour !

Si proches de la frontière bolivienne, et voyant Amunche très en forme et capable de passer des cols à 4000m, nous avons pris la décision de nous diriger vers la Bolivie, qui n’était pas prévue au programme ! Une des meilleures décisions de ce voyage. On te raconte tout cela dans le prochain article.